Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nouvelles des Ripon de Montmorency
21 septembre 2013

Moscou la grande, été 2013

Retour dans la capitale tentaculaire après 7 ans (de réflexion ?), curieux de voir ce qui a changé et ce qui reste des temps anciens. La première impression étant souvent déterminante, une attention certaine a été portée à la rénovation de l’aéroport qui n’a plus rien à envier à ceux de nos capitales occidentales. On pourrait même trouver que la propreté et l’étendue des services dépassent ceux de Roissy, on comprend pourquoi Edwars Snowden, malheureusement trop bien dissimulé pour être salué, y a élu domicile. Les amis sont venus nous véhiculer avec leur gros tout terrain de marque allemande dont les capacités d’accélération et de freinage sont utilisées à plein. La conduite à la moscovite n’a guère évolué : déboîtage intempestif et imprévisible (mais où sont les clignotants ?), distance de sécurité réduite à néant, véhicules garés à la sauvette sur les bas-côtés, vitesse maximale allègrement dépassée pour frôler les 100 km/heure en centre-ville. On est bien content d’arriver. Beaucoup de nouveaux immeubles de plus de trente étages et à l’architecture futuriste rivalisent désormais avec les « gratte-ciel » érigés sous Staline, sans parler de la « city » dont les travaux démarraient à mon dernier passage.

Les services administratifs ont aussi connu une modernisation spectaculaire. La plupart sont désormais regroupés dans un même bâtiment et on peut même prendre son ticket pour la file d’attente adéquate sans errer au hasard des queues anarchiques qui étaient la règle des temps post-soviétiques. Il n’en reste pas moins que le touriste de passage doit toujours faire tamponner son passeport dans un de ces centres pour ne pas risquer quelques déconvenues au retour, on n‘est jamais trop prudent. Les aires de jeu pour les enfants sont nombreuses et agréables, on trouve même des jouets à disposition dans certains bacs à sable. Le grand magasin Goum face au Kremlin a pris des airs de Galeries Lafayette, avec en plus des marchands de glace et d’autres friandises à tous les carrefours. Les transports en commun et leurs lots de voyageurs sont restés fidèles à eux-mêmes, ce qui garde un charme certain à mes yeux. Artyom ne manque d’ailleurs pas de souligner que les trolleybus ressemblent à ceux d’un de ses dessins animés préférés dans lequel un loup passablement débauché (et fumeur, quelle horreur !) s’évertue à poursuivre un lapin qui lui échappe indéfiniment, selon un scénario bien connu mais avec des péripéties et des rebondissements empruntés aux temps désuets d’avant la Pérestroïka.

Dans les rues, beaucoup moins de points de change et de casinos et toujours aussi peu de boulangeries, mais l’économie ne s’est assagie qu’en apparence car les notions de droit du travail et de cotisation sociale restent encore tout à fait théoriques. Une amie nous raconte même la main mise d’une sorte de maffia sur un restaurant dont elle était propriétaire et l’opération commando qu’elle a dû organiser avec force milice armée et cagoulée pour récupérer son matériel de cuisine…

Les distractions ne manquent guère, comme à l’accoutumée. Sans parler des retrouvailles entre amis, les lieux de promenade et de visites se sont notablement agrémentés. On trouve par exemple des tables de ping-pong et des parcours d’accrobranche dans les parcs du centre ville, de même que des cafés avec des sandwichs tout à fait comestibles. Les écureuils viennent vous manger dans la main comme à Hyde Park. Le grand centre d’exposition face au parc Gorki est devenu une annexe de la galerie Tretiakov et présente des expositions très intéressantes (découverte du peintre Michaïl Nesterov, représentant majeur du courant du symbolisme religieux en Russie selon Wikipedia et auteur de beaux paysages de campagne imprégnés de spiritualité). Nous visitons aussi au musée d’histoire, judicieusement situé sur la place rouge, une exposition commémorant la campagne napoléonienne de Russie en 1812, ponctuée par la bataille de Borodino précédant l’entrée de la grande armée dans Moscou, avec un luxe d’objets et de dispositifs multimédia dignes de nos meilleurs musées. En revanche, la dépouille momifiée de Vladimir Illich Oulianov (dit Lénine) n’est visitable qu’en matinée. Caramba, encore raté ! La sortie au cirque est un must absolu tant par respect de la tradition familiale que par la qualité des numéros. On retiendra ceux du duo de clowns américains, comme quoi tout s’internationalise, et celui au final avec une troupe d’éléphants passant en revue à peu près tout ce que le dressage peut permettre de faire, y compris jouer de l’harmonica avec une trompe.

Il faut aussi saluer avec vigueur et admiration la rénovation de l’appartement du 52 avenue Lénine, dont le mérite revient entièrement à Tanya qui a su marier le rafraîchissement de la décoration et la refonte de l’ameublement (merci pour le nouveau canapé-lit !) avec le respect du style originel en conservant la distribution des espaces et en redonnant aussi vie à certains meubles emblématiques de la mémoire familiale, comme le buffet de la cuisine qui trône à présent des plus dignement dans le salon. Chaque passage dans cet appartement est aussi l’occasion pour moi de retrouver quelques madeleines que je croyais définitivement égarées et que je ne peux m’empêcher de citer pêle-mêle : un verre à vin orné de raisin, une paire de draps à fleur, une figurine de Denver le dernier dinosaure, une mini télévision au tube extra long, une pendule sous cloche, un lustre en porcelaine fleurie, une bouteille de pineau des Charentes hors d’âge, une tortue cendrier… Ne manque à l’appel que l’immense carte de l’URSS qui recouvrait tout un mur de l’ancienne chambre de Paul devenue bibliothèque et chambre d’amis. Cette fantastique invitation à rêver à de possibles et lointains voyages sera-t-elle un jour réexposée dans une des résidences secondaires familiales ?

Le parcours du jogging hebdomadaire se déploie autour de la vénérable et non moins imposante université Lomonossov (MGOU pour les intimes) dont je découvre le service des archives perdu dans un coin à l’opposé de mon point de départ. Quelques dossiers doivent y conserver la mémoire des études de certains éminents membres de la famille… Autre retour inattendu, celui à l’ambassade de France pour tenter d’obtenir un sésame permettant à Anna de revenir sur le sol hexagonal, son passeport français ayant été malencontreusement oublié au moment du rassemblement des désormais neuf passeports de notre petite famille. L’expérience, toujours un peu stressante face à une administration peut accueillante de prime abord, ne sera pas traumatisante pour autant puisque nous obtenons le précieux visa dans la matinée, après un tour express dans les environs pour obtenir les indispensables photocopies et photos d’identité. Tiens, ça rappelle quelque chose… Une seconde noce ?

 

**************

Sur la liste de lecture :

  • Traité des excitants modernes, Balzac (1839)
  • Thomas l'imposteur, Jean Cocteau (1923)
  • Le petit prince, Antoine de Saint-Exupéry (1943)
  • Di noi tre, Andrea De Carlo (2010)
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité